GHOST OF TSUSHIMA : Notre test !
Depuis l'E3 2018, Ghost Of Tsushima nous fait saliver, et la promesse de l'exploration d'un Japon féodal aux commandes d'un samouraï a suscité l'intérêt de nombreux joueurs. Toutes nos espérances ont-elles été concrétisées ? Sucker Punch, à l'origine des sagas Sly Cooper et InFamous, avait la lourde tâche de signer la dernière grosse exclue PS4... Mission réussie pour eux ?
DE L'ACTION À LA SAUCE SAMOURAÏ
Le jeu nous place dans l'action dès le début. Un petit contingent de 80 samouraïs charge les envahisseurs mongols qui débarquent par centaine. Mais les valeureux guerriers nippons ne font pas le poids face au nombre et la débâcle est inévitable et cinglante. Seuls survivent notre héros, Jin Sakaï, et le seigneur Shimura, dirigeant de Tsushima. Ce dernier est capturé par le chef de guerre mongol, Khotun Khan, et dans une dernière tentative d'opposition pour sauver votre oncle, le pauvre Jin est jeté du haut d'un pont et laissé pour mort... Fort heureusement, une voleuse du nom de Yuna, vous remet sur pied et la reconquête de l'île peut commencer.
Cependant, Jin va rapidement se rendre à l'évidence que le code d'honneur des samouraïs, le bushido, qui lui est inculqué depuis son plus jeune âge, ne peut être appliqué à la lettre face à un ennemi sans foi ni loi et en surnombre... Il va devoir appliquer d'autres méthodes, empruntées à l'art ninja, et mettre de côté son honneur pour devenir le Fantôme de Tsushima. Ces tiraillements seront au coeur de l'intrigue et des changements que devra affronter Sakaï sama.
Une aventure de samouraïs se devait d'avoir un système de combat parfait et percutant. De ce point de vue, le pari est tenu ! Les affrontements au sabre sont basés sur la parade, l'esquive, la contre-attaque avec des coups faibles, perçants et forts pour parvenir à briser la garde de l'adversaire. Sans lorgner du côté de la difficulté d'un titre comme Sekiro, les combats sont tout de même techniques et il ne faudra pas foncer tête baissée en matraquant les boutons pour s'en sortir, quelques coups suffiront à vous faire mordre la poussière. Vous devrez observer l'ennemi, adopter la posture qui sera à même de lui occasionner le plus de dégâts et faire preuve de réflexes. D'une simple pression sur R2, le temps se ralentit pour vous permettre de choisir la meilleure posture (au nombre de quatre) selon que votre adversaire soit armé d'une lance ou d'une épée, par exemple.
Vous aurez à votre disposition des accessoires tels que des kunaïs, des bombes collantes ou encore des fumigènes. Jin maîtrisera également l'arc, long et court, avec différents types de flèches. Devant chaque groupe de belligérants rencontrés, vous pourrez provoquer une confrontation, en vous annonçant et en demandant à affronter le meilleur guerrier, comme le bushido vous l'a appris. Dès lors, une petite mise en scène se met en place et vous devrez maintenir la touche Triangle enfoncée jusqu'à ce que l'ennemi fonce sur vous. Relâchez la touche au bon moment et l'adversaire est tué sur le coup, provoquant un certain effroi parmi les autres combattants.
Vous pourrez bien sûr être plus discret et infiltrer les camps sans vous faire repérer, grâce à l'écoute tactique, en escaladant les toits, en vous accroupissant dans les herbes hautes, en rampant sous les bâtiments et en prenant à revers les bandits ou les Mongols pour leur planter un couteau dans la gorge ou les attirer où vous le souhaitez avec des carillons.
Toutes ces possibilités vous offrent donc un large panel de techniques rendant les combats intenses, les finish sont sanglants et le feeling est très agréable manette en main.
Toutefois, toutes ces bonnes sensations sont ternies par quelques soucis. Le premier est l'absence de "lock" sur vos assaillants. Du coup, lorsque Jin se trouve cerné, les affrontements deviennent vite brouillons et il faut alors user des roulades pour prendre du recul, et je ne vous parle même pas des combats en espace clos... Les développeurs n'ont pas souhaité inclure cette possibilité car plusieurs ennemis peuvent vous attaquer en même temps et il faut pouvoir réagir. OK, on s'y fait mais ce point aurait nettement pu être amélioré. Le deuxième problème survient lorsque vous souhaitez utiliser des armes secondaires. Si le temps se fige légèrement quand vous changez de posture, ce n'est pas le cas quand vous voulez employer une bombe ou un kunaï. De plus, vous ne pouvez pas voir en temps réel, le nombre de munitions qu'il vous reste sans maintenir la touche L2. Dommage.
LE JAPON DANS TOUTE SA SPLENDEUR
Ghost Of Tsushima est réalisé par un studio américain. Il est important de le souligner car leur travail respire l'amour et la passion pour le Pays Du Soleil Levant. D'ailleurs, le public japonais ne s'y trompe pas et le jeu est un énorme carton sur l'archipel : certains revendeurs souffrent même de ruptures de stock !
Le scénario est basé sur des faits historiques réels mais des libertés ont été prises afin de nous proposer un conte jouable. L'île est la porte d'entrée vers le Japon, et les Mongols ont vraiment envahis cet avant-poste en provenance de la Corée.
Même si on peut parfois observé un léger downgrade par rapport à la présentation de l'E3 2018, le titre est visuellement magnifique, en particulier sur les décors et les paysages présentés. La profondeur de champs est impressionante et la météo dynamique vient sublimer le panorama. Je me suis, à plusieurs reprises, arrêté de jouer pour simplement admirer la vue et la touche "Share" pour capturer les images a bien chauffé ! Les environnements sont variés et offrent ce que le Japon a de plus beau : forêts tantôt luxuriantes, tantôt lugubres et sombres, des rivières, des marais, des plages à perte de vue bordées d'immenses falaises, des montagnes entourées de champs de fleurs sans fin... Le jeu nous en met plein la vue et on est, parfois, littéralement aveuglé par le soleil. A contrario, les nuits sont vraiment sombres, parfois un peu trop (attention aux réglages de luminosité). Le vent tient une importance toute particulière et rajoute une note très carte postale en faisant voler tout un tas de feuilles d'érable et de brins d'herbe. L'absence quasi totale d'HUD nous laisse face une toile animée et c'est beau !
L'hommage au Japon est même poussé jusqu'au mode Kurosawa, du nom du célèbre réalisateur de films de samouraïs des années 50/60. Lorsque ce mode est activé, l'écran passe en noir et blanc avec de larges bandes noires et l'image prend un grain rétro pour nous replonger dans l'apogée de ce type de films. Plutôt classe, surtout lors des duels, il n'est pourtant pas très pratique mais il reflète une nouvelle fois toute l'adoration des équipes de Sucker Punch pour ce qui a attrait à la culture nipponne.
Il faut tout de même tempérer ces belles paroles car, en y regardant de plus près, on observe que certaines textures sont pauvres et grossières, certains endroits paraissent un peu vides et toutes les habitations et les camps finissent par se ressembler.Les visages des personnages, sans être foncièrement moches, manquent clairement d'expression.
Pour finir, la météo s'adapte à votre style de combat et si vous usez des capacités de fantôme, par exemple, le temps se fera plus volontiers brumeux ou orageux mais ces changements sont trop brutaux et on passe souvent d'un grand soleil à un ciel gris en un claquement de doigts.
Jin Sakaï va arpenter son île à la recherche d'alliés pour l'aider dans sa quête et une pléthore de missions vont se présenter à lui. Malheureusement, et comme trop souvent dans ce type de jeu, dit à monde ouvert, les demandes se ressemblent toutes et on finit par tout le temps faire la même chose, comme infiltrer des camps ou pister des personnes disparues en suivant leurs empreintes de pas dans la boue. Seules certaines quêtes spéciales concernant certains PNJ, et se déroulant sur plusieurs actes, ou en partant sur les traces de quelques légendes folkloriques sortent du lot. Mais globalement, on est dans du très classique.
GHOST OF THE WILD
L'autre grand morceau de Ghost Of Tsushima est l'exploration. La filiation avec d'autres titres "open world" est évidente: la carte est recouverte d'une sorte de brouillard que vous dissipez au gré de vos pérégrinations à l'image de Horizon Zero Dawn et des points d'intérêt jonchent la map comme dans un Assassin's Creed.
Votre cheval ne sera pas de trop pour vous promener sur l'île, divisée en 3 régions, qui fourmillent de lieux à découvrir tels que des camps mongols à détruire, des phares, des sources chaudes, des campements de survivants ou encore des sanctuaires, au level design aérien et où toute l'agilité de Jin, aidé de son grappin, vous sera utile. Jusque là, rien de neuf, mais le titre va apporter son lot de nouveautés. En effet, au détour d'un chemin, vous pourrez tomber sur un arbre aux feuilles jaunes, avec à son pied un renard. À vous de suivre l'animal sur quelques dizaines de mètres, qui vous emmènera à un petit sanctuaire bien caché, lié à la divinité de l'agriculture dont le renard est le messager. À d'autres moments, un oiseau jaune et noir se mettra à tournoyer autour de vous en poussant un cri bien distinctif. Même chose, suivez-le et il vous mènera au point d'intérêt le plus proche. Pratique, tant certains lieux sont bien camouflés dans le décor.
Ghost Of Tsushima amène une nouvelle forme d'exploration avec l'utilisation du vent. Lorsque vous pointez une zone sur la carte, il suffit ensuite de suivre la direction du vent. Si vous êtes perdu, il suffit de faire glisser votre doigt vers le haut sur le pavé tactile de la DualShock, pour refaire souffler le vent et reprendre la bonne direction. Cependant, cette fonctionnalité, aussi intéressante soit elle, a ses limites. Elle n'est pas des plus précises, car le vent souffle en ligne droite et lorsque vous devez contourner une montagne ou chercher un pont, vous perdez votre chemin. On passe alors son temps à naviguer entre le jeu et la carte et l'absence de mini-map n'aide pas... Même si les bonnes idées sont là, le parti pris n'est pas aussi osé qu'un Zelda Breath Of The Wild.
Toutes ces recherches seront pourtant nécessaires pour gagner des points de technique à dépenser dans votre arbre de compétence, au même titre que les missions, et trouver de précieuses ressources. Cela permettra aussi de faire grandir votre légende et faire de vous le Fantôme de Tsushima, qui fera régner un climat de peur sur vos ennemis et les fera parfois s'enfuir lorsque vous débarquerez dans leur camp !
Enfin, chez les marchands et autres forgerons ou armurières, vous pourrez non seulement améliorer vos armes et tenues mais aussi les personnaliser comme bon vous semble et choisir différents masques, bandeaux ou chapeaux. Vous pourrez choisir la tenue la plus adaptée à la situtation ou celle que vous trouvez la plus stylée.
Autant le dire tout de suite: Ghost Of Tsushima n'est pas la claque qu'on attendait tous depuis deux ans !
L'accent a été mis sur les combats et l'exploration. Ces aspects sont plutôt réussis même si quelques défauts viennent ternir l'expérience comme des affrontements un peu brouillons face à trop d'ennemis ou une boussole guidée par le vent pas toujours aisée à utiliser. La structure des missions et de la progression est ultra classique et on se retrouve souvent à répéter les mêmes actions. Le scénario convenu et sans grand relief n'aide pas. Maiiiiiiiiiis, le titre est tout même très accrocheur grâce à sa direction artistique et ses décors qui flattent la rétine. L'exploration des sanctuaires et l'utilisation d'animaux pour trouver des points d'intérêt sont de très bonnes idées et les combats percutants, qui laissent le choix entre duel et infiltration maintiennent la tension. L'évolution du personnage de Jin est également très intéressante, lui qui est tiraillé entre tradition et besoin de revanche à tout prix.
Bref, on ne peut que saluer le travail de Sucker Punch qui signe ici une oeuvre qui transpire l'amour et la passion d'un Japon féodal bien retranscrit et qui se fait bien trop rare depuis quelques années.
Ce que j'ai aimé :
- des combats intenses et tactiques
- le choix entre confrontation et infiltration
- l'évolution de Jin
- un amour pour le Japon et cette époque
- un dépaysement total
- visuellement très joli, notamment dans les décors, la météo et la profondeur de champs
- l'utilisation du vent et des animaux pour l'exploration
- la personnalisation
Ce que j'ai moins aimé :
- pas de lock sur les ennemis, ce qui rend les combats brouillons lorqu'il y a trop d'adversaires
- l'impossibilité de voir en un coup d'oeil ses munitions d'armes secondaires
- une structure très classique des missions qui les rend très répétitives
- un scénario convenu et sans grand relief
Ghost Of Tsushima est disponible, en exclusivité, sur PS4, en version physique et digitale, depuis le 17 juillet 2020.
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