Notre test de LOST JUDGMENT, la Justice plus forte, plus riche, plus noire !
Après des sorties uniquement nippones et anglophones, SEGA a enfin compris que la licence Yakuza avait de beaux jours devant elle à l'international. La sortie du spin-off Judgment en 2019 a concrétisé cette réussite et Yakuza : Like A Dragon est venu enfoncer le clou en 2020. Tant est si bien que Ryu Ga Gotoku Studio a très rapidement planché sur une suite des aventures du détective. Plus fort, plus riche et plus sombre, tout en gardant l'ossature solide du premier titre, Lost Judgment est-il une réussite ? Le procès va débuter, asseyez vous. Verdict !
Trois ans après les faits du premier opus, retour à Kamurocho, quartier fictif de Tokyo, qui fait référence à Kabukicho, lieu providentiel des boîtes de nuit, des bars à hôtesses, des love-hotels, et autres soaplands, un endroit dont on déconseille aux touristes d'arpenter les rues passée une certaine heure... Nous retrouvons donc Takayuki Yagami (incarné à l'écran par le célèbre chanteur/acteur/mannequin japonais Takuya Kimura), toujours accompagné de son fidèle acolyte, associé et ancien Yakuza, Masaharu Kaito, enquêtant sur une affaire d'arnaque, prétexte pour apprendre les nouvelles mécaniques et revoir les bases qui ont fait le succès de Judgment (notre test à retrouver par ici) .
Tous les amis de Yagami-san sont de retour et ce dernier est contacté par son ancien cabinet d'avocats pour les aider sur une affaire d'attouchements dans le métro. En parallèle, le détective est appelé à la rescousse par deux anciens partenaires qui ont crée leur propre agence à Yokohama. Embauchés par le directeur d'un lycée privé, ceux-ci travaillent sur une histoire de harcèlement qui pourraient ternir la réputation de l'établissement. Entre ces deux évènements, un corps en décomposition est retrouvé par les pompiers dans un immeuble délabré. Tous ces éléments n'ont a priori aucun lien entre eux, et pourtant... Tout est mis en place pour une histoire à multiples rebondissements, comme Ryu Ga Gotoku Studio sait les écrire, le tout mis en scène de façon très cinématographique !
21 JUMP STREET
Tel Johnny Depp, dans cette série que les moins de 30 ans ne peuvent connaître, Yagami devra s'infilter et mener l'enquête au sein du lycée, pour y découvrir la triste réalité qui s'y cache. Comme dans le premier épisode, les développeurs ne se voilent pas la face et abordent des thèmes vraiment matures. Ils dénoncent une société nippone coincée entre traditions et contradictions. Ici, il sera question de harcèlement scolaire, de suicide, du silence des institutions, de vengeance et de meurtre, entre autre... Cette intrigue principale est réellement captivante et menée tambour battant, malgré quelques longueurs dans certains dialogues. Mais tout ceci est nécessaire pour saisir tous les tenants et les aboutissants de ce scénario aux multiples ramifications, telle une grande toile peinte avec une galerie de personnages, tous aussi réussis les uns que les autres.
Pour éclaircir les mystères, le détective devra donc inspecter le lycée et forcément faire la connaissance des élèves. Avec son grand coeur et sa soif de justice, Yagami ne pourra s'empêcher de leur venir en aide. Il sera alors possible d'intégrer les différents clubs de l'école. Au programme, danse, combats de robots, photographie, boxe, etc... Chaque discipline est l'occasion de s'adonner à un mini-jeu, avec un gameplay propre, et vient s'ajouter à la longue liste des activités proposées ! C'est gargantuesque ! Toute cette partie lycéenne est vraiment intéressante et apporte une vent de fraîcheur à la saga, tout en s'éloignant un peu, du coup, de l'univers des Yakuzas.
LA GÉNÉROSITÉ JAPONAISE
En effet, Lost Judgment est TRÈS généreux dans son contenu. Car, en plus de l'intrigue principale et de l'intrigue lycéenne, Yagami a une boutique à faire tourner. Il faudra donc composer avec des dizaines de quêtes annexes afin de remplir vos poches. Dans cet opus, il ne s'agira plus d'être le voisin sympa du quartier en parlant à tout le monde, mais de tendre l'oreille, écouter les conversations et recouper des mots-clés sur le réseau social "Chatter", pour trouver du travail. Ces missions secondaires sont souvent l'occasion d'avoir un ton plus léger, voire complètement loufoque. Elles permettent de souffler; une respiration nécessaire face à l'ambiance pesante et sombre de l'histoire principale. Néanmoins, ces quêtes permettent, tout de même, de faire passer des messages, comme avec ce développeur de jeux vidéo qui critique le crunch qu'il subit pour finir son boulot...
Une fois votre compte en banque remplis de yens, durement acquis, il sera possible pour le détective de se détendre un peu et profiter des activités proposées en ville. Vous retrouverez pas mal de jeux déjà disponibles dans Judgment premier du nom, à savoir baseball, golf, jeux de hasard, courses de drones, mahjong... À cela viennent s'ajouter les mini-jeux des clubs du lycée mais aussi des courses de motos ou encore des compétitions de skate... Les jeux rétro de SEGA sont, bien sûr, toujours de la partie avec énormément d'oeuvres de la firme japonaise, entièrement jouables, à retrouver dans les salles d'arcade ou bien, dans le bureau de Yagami, qui possède maintenant une Master System : il sera possible de collecter pas mal de cartouches afin d'enrichir votre collection et profiter de titres comme Alex Kidd In Miracle World ou Fantasy Zone, par exemple. Une véritable Madeleine de Proust pour les nostalgiques et les amateurs de retrogaming.
Si l'histoire principale peut se faire, en ligne droite, sur environ 20h, rajoutez, au moins, le double pour boucler l'intrigue lycéenne et les missions secondaires, ainsi que les activités. Compléter ce Lost Judgment à 100% ne sera pas une tâche aisée ! À noter, que le studio a déjà prévu la sortie d'un Season Pass avec un pack d'objets, de nouvelles intrigues du lycée et une histoire additionnelle centrée sur Kaito. À 34,99€, le contenu risque d'être, là aussi, très généreux.
VOYAGE, VOYAGE
Vous l'avez peut-être déjà compris mais l'action ne se déroule plus uniquement à Kamurocho. Pour celles et ceux qui n'auraient pas jouer à Yakuza : Like A Dragon, mon coup de coeur 2020 (notre test à retrouver par ici), bienvenue dans le quartier d'Isezaki Ijincho à Yokohama ! Même si la carte est un recyclage de leur dernier jeu, Ryu Ga Gotoku Studio aurait eu tort de s'en priver, tant cette zone, comme le reste du jeu, a été réalisé avec soin, détails et réalisme. L'échelle 1 : 1 est quasiment respectée et cette nouvelle zone pour Yagami-san est beaucoup plus étendue que les petites ruelles de Tokyo. Pour se déplacer plus vite, le détective dispose maintenant d'un skateboard, bien pratique. La découverte d'une zone inédite, pour les fans de la licence, aurait été bien bienvenu malgré tout.
Rassurez-vous tout de même, à la différence de Yakuza : Like A Dragon où les déplacements du joueur étaient tributaires du scénario, il sera possible ici de voyager entre les deux quartiers, distants d'environ 40 km, en taxi, comme bon vous semble. Pour devenir l'ami des chats ou découvrir la gastronomie japonaise, l'exploration sera bien évidemment de mise.
Pour découvrir les secrets de ces deux villes, une nouvelle fonctionnalité fait son apparition, le Parkour. Yagami peut désormais escalader des murs en s'aidant des tuyaux ou des gaines d'aération afin d'accéder à des lieux normalement inatteignables. Attention tout de même à la jauge d'adhérence, qui, si elle venait à s'épuiser, ferait chuter notre héros. Et oui, on n'est pas dans un jeu Ubisoft ici !
DETECTIVE SCHOOL
Globalement, l'aspect "enquête" de jeu a été renforcé, il est plus poussé dans ce Lost Judgment. Cela va se traduire par des ajouts à certaines séquences. Le métier de détective oblige souvent à prendre des personnes en filature. Ici, ces phases ont été rendues un peu plus palpitantes : il y a maintenant moins de cachettes mais Yagami peut alors se fondre dans le décor en se recoiffant dans un miroir ou en faisant semblant de scroller son portable. Prudence, ces actions sont limitées par une jauge qui se réduit. La cible étant également plus suspicieuse, la filature devient vraiment un exercice compliqué. Et parfois, il faudra agir plus rapidement et s'engagera alors une course-poursuite. Là aussi, ces phases ont été rendues plus dynamiques. Il faudra toujours éviter les obstacles, souvent de façon spectaculaire, en appuyant rapidement sur la touche qui s'affiche à l'écran. Vous devrez faire baisser la jauge d'endurance de votre cible en lui envoyant des objets dans le dos et quelquefois deviner sa direction. Malheureusement, ces poursuites sont parfois trop longues et on fait, souvent, plusieurs fois le tour d'un même pâté de maisons avant que votre adversaire ne s'épuise. Dommage, les joueurs qui feraient un sans-faute ne sont pas récompensés...
Autre activité d'un détective pour obtenir des informations dans des lieux interdits, l'infiltration. Nouveauté pour la licence, Yagami va devoir se faire discret, à certains moments, à la place d'employer la force. Notre héros devra se cacher derrière des cartons, par exemple, ou passer par les aérations. Une fois l'adversaire contourné, il sera possible de détourner son attention en lançant une pièce ou une bombe fumigène et de, pourquoi pas, l'assommer. On regrettera que l'IA ne soit pas de plus maligne lors de ces phases. Il est aussi possible, de temps à autre, d'enfiler un déguisement afin de tromper les gardes.
Pour finir, toute une panoplie de gadgets seront à la disposition de Yagami pour mener à bien ses enquêtes. En plus du drone, déjà présent, l'ex-avocat pourra utiliser un amplificateur de sons et un détecteur de micros et d'appareils électroniques. Plus surprenant, le détective se liera d'amitié avec un chien, dont le flair inégalé l'emmenera vers de nouvelles affaires.
LA BAGARRE
Quand les techniques de détective ne suffisent plus et qu'il faut se défendre, Yagami-san sait faire parler ses poings (et ses pieds, accessoirement). Le système de combat n'a pas fondamentalement changé, mais le contre fait son apparition, en esquivant juste avant de se prendre un coup, et de nouvelles animations et coups spéciaux rendent les affrontements vraiment très classes ! La grande nouveauté est l'arrivée d'un autre style de combat, qui vient s'ajouter à celui du Tigre, pour les affrontements 1 contre 1, et à celui de la Grue, pour se défaire des groupes, : le style du Serpent ! Plus défensif, il permet notamment de parer les coups dans toutes les directions, idéal pour se défendre contre les frappes rapides et les ennemis armés.
La jauge EX et les actions EX sont évidemment toujours de la partie et permettent de déclencher des attaques dévastatrices. Yagami gagnera aussi des Points d'Aptitudes qui lui permettront d'acquérir de nouvelles techniques et des boosts de statistiques. En 60 fps sur les consoles next-gen, les combats sont d'une fluidité très agréable.
EN APPARENCE, RIEN NE CHANGE
Graphiquement, Lost Judgment s'en sort très bien. Cependant, le Dragon Engine, le moteur maison, commence à accuser les années. On retrouve la même qualité visuelle que sur Yakuza : Like A Dragon ou le remaster next-gen de Judgment. Un travail supplémentaire a été fait sur la modélisation des visages cependant. À savoir que sur PS5 et XBox Series, vous aurez le choix entre privilégier les graphismes ou la fluidité. Il vaut mieux opter pour la seconde option, étant donné que la première bloque le framerate à 30 fps mais la différence visuelle est quasiment insignifiante. Mis à part un peu de clipping, le tout reste tout de même d'une grande qualité.
Encore une fois, la bande-son s'adapte à toutes les situations, tantôt kitsch, tantôt dramatiques, une vraie réussite de la part de Ryu Ga Gotoku Studio. Enfin, un soin tout particulier a été apporté au jeu des acteurs, tous impeccables dans leurs rôles, notamment Takuya Kimura. Cependant, il semblerait que des désaccords subsistent entre SEGA et l'agence de l'acteur, ce qui pourrait impacter une potentielle suite. Affaire à suivre...
La sentence est tombée. Le jury, à l'unanimité, déclare l'accusé, Ryu Ga Gotoku Studio, coupable ! Coupable d'avoir réussi la suite d'un jeu déjà bourré de qualités. En conservant la structure de base, les développeurs ont amélioré la formule par petites touches, en renforçant notamment le côté "enquête". La grande force du studio nippon est de crée des histoires prenantes et captivantes, abordant des thèmes très sérieux, montrant le Japon sous un angle inédit. Une intrigue secondaire dans un lycée, des dizaines de missions annexes et une tonne d'activités viennent gonfler une durée de vie énorme. Lost Judgment est une réussite à beaucoup d'égards, et peut être considéré comme une véritable suite spirituelle à Shenmue (déjà un jeu SEGA, tiens, tiens...). On espère, dès lors, revoir Takayuki Yagami un jour, en espérant que l'éditeur règle ses problèmes avec l'agence de l'acteur qui prête ses traits au plus célèbre des détectives de Tokyo.
Ce que j'ai aimé : 👍
- le retour de tous les amis de Yagami-san
- des intrigues bien écrites, captivantes avec de multiples rebondissements
- une mise en scène digne du 7e art
- les histoires du lycée rafraîchissantes
- des thèmes abordés matures et sérieux
- une vision du Japon contemporain inédite
- un contenu très généreux avec des missions secondaires par dizaines et une tonne d'activités annexes
- une ambiance tantôt sombre, tantôt drôle
- une multitude de jeux rétro SEGA pour les nostalgiques
- une durée de vie colossale (plus de 50 heures pour les 100%)
- la possibilité de naviguer entre Kamurocho et Yokohama quand on veut
- de nouvelles fonctionnalités bien senties (Parkour et infiltration)
- et d'autres rendues plus dynamiques (courses-poursuites et filatures)
- de nouveaux gadgets, plus un chien pour aider Yagami dans ses enquêtes
- un nouveau style de combat, le Serpent
- une bande-son au top, s'adaptant à toutes les situations
- la performance des acteurs japonais
- les doublages japonais et anglais, sous-titrés en français (VOSTFR)
Ce que j'ai moins aimé : 👎
- quelques longs dialogues
- un détachement progressif de l'univers des Yakuzas
- l'absence d'une nouvelle zone inédite à explorer
- des poursuites souvent trop longues
- un peu de clipping
- un moteur graphique, certes de qualité, qui montre ses limites sur next-gen
LOST JUDGMENT est disponible depuis le 24 septembre 2021 sur PS5, PS4, XBox Series et XBox One, en version physique et digitale. Disponible à l'achat dans cet article.
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